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Pratique

Chiens guides et chiens d’assistance

Rencontre avec Najou et Midas

On se pose souvent beaucoup de questions sur les chiens guides et les chiens d’assistance. Nous avons fait une interview de Najou et Midas… Euh, finalement, comme on a oublié notre dictionnaire wouaf-français, on a préféré interviewer leurs bénéficiaires Denis et Hélène.

Un chien guide aide les personnes déficientes visuel à se déplacer.
Najou et Denis – Chien guide

Najou est un grand labrador noir de presque 3 ans. Il guide Denis, mal voyant de 57 ans, depuis 4 mois.

Midas est un chien d'assistance, qui aide les personnes en situation de handicap moteur
Midas ramasse les clefs d’Hélène – ©Odile Moustache

Midas est un golden retriever sable de presque 4 ans. Il assiste Hélène, myopathe de 47 ans se déplaçant en fauteuil électrique, depuis 21 mois.

Itinéraire Bis : Quel est le rôle de votre chien ?

Denis :

Najou est là pour sécuriser et faciliter mes déplacements, en m’indiquant tous les obstacles. Il fait une pause devant la descente d’un trottoir, un trou, une poubelle, une voiture, … Je dois le suivre s’il faut contourner l’obstacle. Et ça, de jour comme de nuit. Je peux aussi lui demander de trouver un « siège », un endroit où m’asseoir, où poser mes affaires. Il peut apprendre des chemins pour aller à des endroits où l’on va souvent, la médiathèque, par exemple. En vacances, un moment donné, j’étais complètement perdu dans le camping et lui, avait très bien retrouvé le mobil home. J’étais tellement perdu que je lui fais faire demi-tour, à tort ! Finalement, des gens m’ont aidé. Pour établir des liens sociaux, il est aussi balèze !

Hélène :

Midas fait les gestes que je ne peux pas faire, ou difficilement, comme ramasser un objet tombé par terre, pousser ou tirer une porte, enlever les manches d’un manteau, d’une veste… Il continue de beaucoup apprendre. Quand ma main tombe quand je suis allongée sur la table de kiné, je lui dis « lève », il sait qu’il doit mettre sa tête sous ma main et cela me sert d’appui pour remonter ma main. C’est une commande spécifique qu’il a apprise avec moi et pour moi. Il m’oblige à sortir plusieurs fois par jour. J’ai fait beaucoup de rencontres depuis presque deux ans. Des propriétaires de chiens, des enfants, des promeneurs, des sportifs. Dans le parc, lors des promenades, j’entends souvent que petits et grands saluent Midas.

Itinéraire Bis : Quand travaille-t-il ?

Denis :

Najou ne travaille que quand il est à l’extérieur et quand il a son harnais. En intérieur, il sait indiquer où est son harnais mais c’est tout.

Hélène :

Midas intervient quand je lui demande, avec une commande bien spécifique, en intérieur ou en extérieur. Même s’il est en détente, si je lui demande de l’aide, il doit intervenir. Quand il entend ou voit quelque chose tomber, il vient me voir pour savoir si je souhaite qu’il ramasse l’objet. Il ne prend pas d’initiatives. Il ne doit pas ramasser de lui-même car il pourrait s’agir d’objets dangereux pour lui, comme des épingles, des ciseaux. Il est capable de ramasser une pièce de 1 centime, une enveloppe, des clés, un smartphone, par exemple.

Itinéraire Bis : Quels sont les prérequis pour avoir un chien guide ou un chien d’assistance ?

Denis :

Il faut être autonome dans ses déplacements. Le chien est fait pour faciliter mais on doit savoir se débrouiller seul avec notre canne blanche. Quand l’association m’a rencontré, elle a constaté que je ne savais pas réellement me servir d’une canne. J’avais acheté une pauvre canne, sans boule, dans une pharmacie. L’association a commencé par me conseiller sur l’achat d’une nouvelle canne et par me donner des cours de déplacements avec une canne. J’avais un cours de locomotion par mois.

Hélène :

Il faut aimer son chien ! Un chien qui travaille bien est un chien qui a possibilité de se détendre. Il faut être en capacité de lui offrir des sorties en nombre suffisant et de lui donner à manger, de s’en occuper. Lorsque l’on habite seul-e, ce n’est pas toujours évident : il faut pouvoir sortir de chez soi juste avec le chien, il faut pouvoir ramasser ses déjections car il serait très malvenu que ses crottes aillent sur les roues des fauteuils, il faut pouvoir le rattacher sans l’aide de quelqu’un, le récompenser lorsqu’il revient. En plus, les golden ont des poils longs qui font velcro. Du coup, à certaines périodes, je dois le brosser tous les jours et le papouiller partout pour ne pas passer à côté d’un épillet qui serait dangereux pour lui. Pour les personnes qui vivent en famille, il est possible qu’un autre membre de la famille intervienne.

Itinéraire Bis : Comment se déroule la formation du chien ?

Denis :

Le chien est en famille d’accueil pendant un an, puis il va en cours la semaine dans un des 16 centres de formation. Les week-ends, il retourne en famille d’accueil. Les centres de formation ont des salles qui sont des répliques de rues. La formation en centre dure assez longtemps. Les chiens sont remis vers 2 ans et demi, voire 3 ans.

Hélène :

Le chien est en famille d’accueil jusqu’à 18 mois. Il a une famille de référence, et fait des rotations dans les autres familles de la délégation dont il dépend. Cela l’habitue à différents environnements. Il doit avoir acquis environ 30 commandes. C’est un énorme travail, investissement pour ces familles qui ont des cours tous les 15 jours. Ensuite, il va 6 mois dans un des 4 centres de formation. Les week-ends, il les passent auprès de familles proches des centres. A Alençon, d’où vient Midas, des séances de câlins sont organisées avec les élèves du lycée qui héberge Handi’Chiens. A la fin de sa formation, le chien doit connaître environ 50 commandes. Mais il continue d’apprendre avec son bénéficiaire. Midas connaît un peu plus de 70 commandes et il peut encore progresser. C’est à moi d’arriver à identifier mes besoins et à les formuler clairement pour Midas.

Itinéraire Bis : Comment se déroule la formation du bénéficiaire ?

Denis :

On contacte l’une des 9 associations régionales qui fait une visite à domicile. Elle donne un dossier avec les test médicaux à faire en ville : test auditif, test ophtalmique. Ensuite, on doit aller au centre pour un test psychologique et un essai avec un chien. Si l’association régionale n’a pas de chiens avec le profil requis, elle peut voir avec les autres associations. C’est ce qui s’est passé avec Najou. Mon dossier est donc passé d’Ile de France à Valencienne. Ensuite, on a une semaine de stage au centre où on apprend à prendre soin de notre chien et une semaine à domicile où on apprend essentiellement à se déplacer avec notre chien.

Hélène :

On envoie une demande avec un descriptif de notre mode de vie détaillé à Handi’Chiens. Le dossier est routé au centre de formation dont on dépend géographiquement. Une visite à domicile est effectuée pour que l’association voie l’environnement. Au centre d’Alençon, avant le stage, on doit se déplacer au centre pour « essayer » 3 chiens différents. Comme cela, on connaît les couples chien-bénéficiaire dès le début du stage. Chaque centre a son procédé d’attribution et les procédés ont évolué au fil du temps. Le stage au centre dure 15 jours. C’est assez intense car on doit assimiler les 50 commandes avec la bonne intonation, comment s’occuper de son chien, mais quel bonheur de rentrer avec son nouveau compagnon !

Itinéraire Bis : Quel est le coût d’un chien ?

Denis :

Pour un chien guide, 25 000€. Il est remis gratuitement au bénéficiaire. Les familles d’accueil sont bénévoles.

Hélène :

Pour un chien d’assistance, 15 000€. Il est remis gratuitement au bénéficiaire. Les familles d’accueil sont bénévoles. Handi’Chiens demande une participation aux frais d’hébergement et de restauration pendant le stage. Ces frais peuvent pris en charge par la MDPH. Il faut surtout déposer son dossier avant le stage ! La MDPH peut également octroyer une aide mensuelle de 50€ pour les frais du chien.

Informations

Si vous croisez un chien d’assistance, repérable à sa cape bleue, ou un chien guide, repérable à son harnais spécifique, ne le déconcentrez pas ! Ne le touchez pas, ne lui parlez pas, ne le regardez pas dans les yeux ! En le déconcentrant, vous pourriez mettre en danger son bénéficiaire. Tout du moins, ce serait interférer dans la relation chien-bénéficiaire. Parlez à la personne qui se trouve au bout de la laisse ! Elle sera ravie de répondre à vos questions.
Les chiens guides ou d’assistance sont tout d’abord … des chiens ! Avec des défauts de chien : ils sont gourmands, aiment aller dans l’eau, dans la boue. Alors, évitez de laisser traîner les restes du piquenique dans les parcs, ne donnez pas de pain aux canards (le pain est nocif pour tous les animaux). Ils sont joueurs et ont besoin, plus que tout autre canidé, de moments de détentes, en toute liberté. C’est pourquoi vous pouvez en croiser détachés dans les parcs. Ne vous en offusquez pas mais écartez-vous car deux chiens qui jouent peuvent vous faire tomber ! Eh non, ils font pas GPS, ils ne tournent pas la clé dans la serrure, ne font pas le café,… Pour autant, ils sont indispensables à l’autonomie de leurs bénéficiaires.
Pour en savoir plus sur la Fédération française des associations de chiens guides d’aveugles (FFAC), qui a été créée en 1972, reconnue d’utilité publique en 1981 : Cliquez ici
Cette association remet plus de 200 chiens par an.

 

Pour en savoir plus sur Handi’Chiens, créée en 1989 et reconnue d’utilité publique en 2012 : Cliquez ici
Cette association remet environ 150 chiens par an

Quels autre types de chiens sont formés par Handi’Chiens ?

  • Des chiens d’accompagnement social, qui sont attribués à un personnel d’établissement de type EPHAD ou IME,… Un projet doit être monté entre ce personnel, le chien et les résidents. Une unité de formation spécifique à Kunheim est exclusivement dédiée à ces chiens.
  • Des chiens d’éveil, destinés aux enfants polyhandicapés ou autistes ou autres.
  • Des chiens détecteurs de crise d’épilepsie qui alertent avant la venue de la crise et qui apaisent pendant la crise.
  • Un chien d’assistance judiciaire, chargé de libérer la parole de jeunes victimes
  • Deux chiens d’assistance de réussite scolaire sont actuellement expérimentés

 

Merci à Denis et Hélène pour leur participation.

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